02/12/2012


   Alone with his sadness

Dimanche, la fin d'après-midi est déjà là. Novembre est d'humeur rageuse, sa pluie et son vent sont à l'unisson. Une bonne fin de week-end un peu triste, comme lorsque enfant, les dessins animés d'après gouter rimaient avec le crépuscule d'un dimanche que l'on aurait voulu éternel...
Après une rapide consultation, un consensus émerge assez rapidement, le dîner dominical sera composé par les délices de la restauration rapide, que l'on regrette amèrement ensuite tant les mets si vite ingurgités font injures aux sens. 
Nous le savons, c'est comme cela, mais on y revient quand même... 
Pourtant épuisé par ma journée où je n'ai finalement pas fait grand chose, je décide néanmoins avant d'aller chercher notre précieuse pitance, de faire une petite séance photo. 
J'ai en effet une idée depuis plusieurs jours.
De manière presque immuable, mon fils m'accompagne. J'essaye tant bien que mal de lui faire partager mon enthousiasme. Lui assez pragmatique, ne relève manifestement que l'intérêt que lui apporteront prochainement les burgers...
Il y a une maison en ruine proche de la nôtre. Je subodore qu'elle sera le parfait théâtre pour mes aspirations. 
Une fois sur place, il est temps de ne pas en perdre. Il fait vraiment sombre et je ne veux pas utiliser de flash. L'escalier d'un autre âge sonne rapidement comme une évidence. Il faut cependant dégager un peu le sol qui est jonché de planches et de branches. C'est à ce moment là que je décide de m'étaler de tout mon long par une figure de style qui laisse mon fils médusé. 
J'ai la tête dans les ronces. Je me relève avec beaucoup de mal rassurant comme je le peux mon Yoyo qui doit certainement se dire :  Oh my god ! 
Il est clair que je me suis bien explosé...
Le trépied est enfin en place, le Nikon et le 35 mm dessus en mode M, ouverture au maximum ( 1.8 ).
Je mets mon masque, prends la pose et dit à Yohann de déclencher, ce qu'il fait avec un air lunaire... 
Après une bonne vingtaine de shoot, on décide de remballer. Il fait de toute façon trop sombre pour continuer.
Devant la porte de la voiture, je fouille une poche, puis deux, puis toutes. Pas de clefs !
Je vide mon sac photo, les innombrables poches de ma besace, rien... 
Un léger souffle de panique s'empare de moi. Il pleut, la nuit est maintenant là et je n'ai plus du tout de jambes. Avec grand mal, nous retournons dans les ruines lugubres. Yohann fouille le sol, les marches du mieux qu'il peut. On y voit plus rien. Je suis dégoutté ! 
On essaye de se refaire le film des événements quand je me remémore ma lamentable chute. 
Banco ! 
Les clefs sont là, trônant amoureusement à coté d'un tapis de ce qui semble être un tas d'immondices.
Je pense qu'à cet instant, je n'ai jamais été aussi heureux et soulagé de retrouver ces satanées clefs que l'on aime tant perdre.
Trois minutes plus tard, en direction du fast-food et devant ma bonne humeur soudainement revenue, je  travaille un peu mon fils pour savoir si c'est sympa d'avoir un papa un peu fou.
Il ne dit mot, fidèle à lui même, mais je ne vois que trop bien son oeil pétiller...

Au-delà des photos, passion un peu égoïste par essence, nous avons partagé un moment que nous n'oublierons certainement pas. Un long instant de complicité entre un père et son fils.

L'essentiel est bien là ! 



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